En fonction de cette grande variété de paysages et de reliefs, on peut distinguer plusieurs zones de parcours de randonnée.
Au-dessus de 1000 mètres d’altitude (un peu plus bas dans le sud exposé aux alizés humides), s’étend la forêt vierge, ou, si on adopte une appellation plus scientifique, la forêt primaire, qui n’a jamais fait l’objet de défrichement. Ne confondons pas avec « l’enfer vert » des films d’Indiana Jones : dans la forêt primaire santoméenne, la voûte de feuillage continue et serrée s‘élevant à 30 ou 40 mètres de hauteur, est d’une telle densité que, faute de soleil suffisant, aucune plante n’arrive à pousser au sol, lequel est surtout jonché de feuilles mortes ; en conséquence, la circulation est aisée entre des troncs souvent gigantesques. La difficulté des chemins de randonnée dans ce type de forêt tient surtout au caractère accidenté du relief, pas du tout à son impénétrabilité.
La forêt primaire de Sao Tomé et de Principe a été constituée en aire de biodiversité protégée, qui forme le Parc National de l’Obô. Le parc est parcouru par quelques sentiers de randonnée, tracés dans le milieu des années 1990, avec la volonté d’attirer un tourisme de trekking. Faute de publicité à l’échelle internationale, le pays reste largement méconnu des touristes étrangers, et l’affluence n’a pas été au rendez-vous. Mais la plupart des chemins du parc national sont entretenus tant bien que mal, et des guides forestiers ont été formés pour accompagner les randonneurs.
Des efforts sont en cours pour développer le tourisme de randonnée sur une autre aire : les zones de moyenne altitude, entre 400 et 1000 mètres. On se trouve là en zone « humanisée », où la forêt a été, depuis des siècles, partiellement déboisée pour être transformée en plantations. Le promeneur s’y trouve presque toujours sous le couvert d’arbres, car les principales cultures sont pour l’essentiel formées de cacaoyers, caféiers, palmiers à huile, cocotiers, arbres à pain, et divers arbres fruitiers… Sans compter les bananiers omniprésents, qui, pour un botaniste, ne sont pas des arbres, mais qui donnent l’impression, quand on circule dans une bananeraie, de se trouver en forêt.
Au temps de la colonisation portugaise, les plantations coloniales ont constitué d’immenses domaines voués à la monoculture, du cacao principalement, secondairement du café et du palmier à huile : les « roças ». Au centre de la « roça » se trouvaient les installations de traitement des récoltes, à l’aspect très usinier, ainsi que les bâtiments des travailleurs, soumis à des conditions de travail et d’existence proches de l’esclavage même après l’abolition de ce dernier (en 1875) ; un peu à l’écart, la belle maison des maîtres, les habitations du personnel d’encadrement, les services tels que hôpital et crèche. Ces anciennes roças coloniales forment, encore de nos jours, le maillage principal du peuplement rural ; les bâtiments sont souvent bien décrépis, mais les vestiges sont encore impressionnants, et les maisons de maître d’une architecture superbe ; la visite de ces grandes roças fait partie du plaisir de ces randonnées, au même titre que les paysages naturels. Trois ou quatre d’entre elles ont été aménagées en résidences touristiques de charme (voir notre chapitre « Des possibilités très variées d’hébergement »).
Il est facile de randonner dans les plantations des anciennes grandes roças. En effet, elles restent parcourues par de larges chemins, conçus à l’origine pour laisser le passage à des carrioles à cheval et plus tard à des tracteurs. Même si beaucoup de ces chemins, faute d’entretien, ont cessé d’être carrossables, ils restent suffisamment larges et bien tracés pour être agréables aux randonneurs pédestres ; utilisés quotidiennement par les paysans, ils ne sont pas trop envahis par la végétation.
A la périphérie des grandes plantations coloniales, les petits paysans (dont une partie d’ex travailleurs des grandes roças, qui ont pu bénéficier d’une réforme agraire après la privatisation de celles-ci, dans les années 1990) privilégient les cultures vivrières (banane, tubercules, maïs, maraichage) pour assurer leur subsistance, au détriment du cacao et du café, dont les prix fluctuants ne procurent que des rendements aléatoires. Ces cultures sont rarement plantées en terrain découvert (sauf, parfois, le maraichage), mais plutôt entre des arbres, de façon non alignée, dans ce qui donne l’impression d’un aimable désordre. Il en résulte qu’en longeant toutes ces exploitations agricoles, on ne sait trop si on se trouve dans un vieux jardin tropical abandonné ou dans une jungle qu’une force supérieure aurait tenté de peigner sans réussir tout à fait à la discipliner. Dans les zones de petite propriété, les chemins sont moins larges que dans les grandes plantations, et les parcours balisés empruntent parfois d’étroits chemins de chasseurs ou des sentiers de « vianteiros » (les soutireurs de vin de palme, qui grimpent avec habileté au sommet des palmiers pour en extraire la sève).
Cependant, ce sont des chemins fréquentés, et, tout comme dans les anciennes roças, vous y ferez d’agréables rencontres, car le paysan santoméen parait toujours très heureux de voir un étranger ; il sait rester discret, mais si vous cherchez à engager la conversation après l’échange des saluts, il sera intarissable pour vous donner des explications sur le paysage, les plantes, sa façon de cultiver, etc – Et si l’obstacle de la langue est trop grand, vous aurez en tout cas droit à de chaleureux sourires.
Enfin, bien sûr, il y a aussi de belles promenades à faire en zone littorale, le long des plages et dans les cocoteraies, ainsi que dans la zone de forêt dense et de mangrove du sud. Il n’y a cependant pas encore dans ces zones littorales de parcours balisés.